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Écrire en deux langues ou le principe des vases communicants

 di Tahar Bekri

In: Semicerchio LV (02/2016)30 anni”, pp. 150-154.

Dabord, permettez-moi de préciser quelques données historiques et biographiques qui me semblent nécessaires à l’éclaircissement de mes apports à la langue française, comme à la langue arabe, deux langues que jutilise dans mon écriture.

Demblée, je voudrais faire remarquer quil sagit là dune participation bien modeste à linterrogation et au questionnement plus quune affirmation sûre et une réponse définitive aux problèmes de traduction que vous vous posez, tant il me semble difficile de résoudre bien des doutes, notamment dans le domaine de la poésie.

La langue française a été introduite en Tunisie dès 1875, cest-à-dire avant 1881, date de la colonisation de mon pays par la France. Lintroduction du français est due à la volonté réformatrice du Premier Ministre Khaïreddine de moderniser lenseignement tunisien resté jusque-là archaïque et traditionnel (1874-1887). Ceci à l’époque du souverain Sadok Bey. Lenseignement sous le Protectorat français portera la marque de lenseignement sadiki, cest-à-dire bilingue. Ce qui est bien différent de la situation algérienne où larabe a tout simplement été interdit. LAlgérie était une colonie totale, annexée comme un département français.

Ma scolarisation a commencé en 1956, cest-à-dire lannée de lindépendance de la Tunisie. Jai fréquenté l’école franco-arabe et mon enseignement a été bilingue dès ma prime enfance. Cela a continué au lycée où les matières scientifiques, la philosophie étaient enseignées en français. Ensuite, je suis allé à

lUniversité de Tunis où jai poursuivi des études de littérature française. Enfin, à la Sorbonne Nouvelle pour soutenir une Thèse sur la littérature maghrébine de langue française. Je réside maintenant en France depuis 1976. Depuis 1989, après une longue absence, jeffectue des séjours réguliers au pays natal.

Avec les miens, jutilise larabe parlé tunisien, qui est ma vraie langue maternelle, cest-à-dire cette langue arabe traversée par des mots français, souvent déformés, arabisés, notamment dans le domaine technique, mais aussi des mots italiens, parfois même espagnols. Larabe littéral, classique appris à l’école apporte avec lui son savoir et sa richesse et sa beauté, son héritage coranique et littéraire. Il est aussi utilisé dune manière plus simplifiée, modernisée par la presse écrite et les médias audio-visuels. Ainsi senchêvetrent des niveaux de langues parlées et écrites. Ce mélange a parfois des aspects heureux où le langage mêle le vocabulaire, la syntaxe, limaginaire dans les constructions les plus étonnantes, baroques et surréalistes mais il provoque souvent des difficultés réelles pour nommer les choses et les objets surtout si lon voulait se limiter à lutilisation dune seule langue de communication. En septembre dernier, je fus invité à lenregistrement dune émission en direct en langue arabe à la Radio et Télévision Tunisienne. Ce qui mavait frappé à lintérieur du studio denregistrement cest lexistence dune petite affichette collée au mur en face de linvité et sur laquelle était écrit ceci: nous prions nos chers invités de nutiliser que larabe classique ou larabe dialectal. Ce qui laissait entendre que des invités devaient introduire des mots français pour pouvoir parler et communiquer en arabe en direct. Cette situation est bien réelle et parler sans effort ne semble pas chose aisée chez mes compatriotes au point où un ami tunisien me disait récemment quil a limpression que les nôtres ne savent plus parler... correctement, il veut dire.

Or, il serait injuste dattribuer cela au bilinguisme. Une des causes les plus profondes est lanalphabétisme qui oblige une partie de la population, minoritaire heureusement, à utiliser une langue en déformant un bon nombre de ses mots, en français comme en arabe, dailleurs. Le linguiste Salah Garmadi parlait de la mutilation de l’être colonisé par le langage. Jajouterais que lilléitrisme reste une des causes de ce drame du langage. Cela dans sa réalité la plus négative et la plus pessimiste.

Mais dans le même temps, la langue a une richesse extraordinaire. Elle est vivante, inventive, transgresse les codes et les lois de la grammaire, lui donnant une liberté certaine. Elle a cette saveur qui empêche la morosité et crée une dynamique qui refuse lacadémisme, déjouant ainsi la langue savante dans ses privilèges et ses limites. Il serait long ici de développer toutes les situations linguistiques vécues ou analysées mais cela me semble important pour montrer la complexité des données pour un écrivain tunisien aujourdhui, quil écrive en arabe ou français. Sans oublier, bien sûr, la tension quil y a entre larabe littéral et larabe dialectal. L’écriture à ce niveau, aboutit à des situations différentes dun écrivain à lautre et il nest pas souvent facile de choisir sa langue d’écriture. Pour aller plus vite, cest dans ce contexte-là que j’écris. Même si je vis en France voilà plus de vingt ans maintenant.

Tout cela ne peut expliquer, pourtant, la nature de notre rapport à la langue car écrire, je veux dire écrire la poésie, pose dautres problématiques. Du moins, en ce qui me concerne. Dabord, en langue française. Ce qui a toujours primé: cest la quête dune langue littéraire, donnant toute sa place au choix du mot, à sa beauté, à sa virginité presque. Il ne sagit pas dun «aristocratisme» du langage ou dune quelconque volonté d’être précieux mais je préfère au mot chosifié, appauvri, galvaudé, commun, le mot rare, portant encore sa couronne dor contre la poussière qui sen- tasse sur la langue et en fait une tourbe stérile alors que la poésie est justement féconder la langue, la fertiliser. Or, ceci me paraît fort périlleux quand la langue française a en son sein des poètes comme Rimbaud, Baudelaire et Mallarmé, Paul Valéry et Saint-John Perse, des romanciers et écrivains comme Flaubert, Proust et Julien Gracq.

Aussi, faut-il dire qu’écrire dans cette langue est une ambition non sans risques et leffort doit être constamment redoublé. Dabord, parce que je ressens toujours le poids de son héritage et de son patrimoine et cela me rend régulièrement pudique à son égard, cette langue n’étant pas mienne et ma crainte est permanente d’être un invité sans-gêne. Certes, ma conscience est haute de la grandeur des lieux et je reste parfois perplexe en entendant certains de mes amis écrivains appartenant à lespace francophone crier haut et fort: avec notre écriture, nous enrichissons la langue française! Je préfère quant à moi rester plus prudent et laisser ces jugements à la critique et à lhistoire littéraire.

Cependant, je pourrais vous livrer quelques remarques tentant ainsi de définir mes propres rapports à la langue française.

Voilà bientôt plus de trente ans que jutilise cette langue pour dire mon être, mes émotions, mes sentiments, mes pensées, mon imaginaire, dans une langue qui nest pas maternelle, langue seconde, langue de lex-colonisateur, de surcroît, celui qui avait le projet de défigurer mon identité, mon être... Et cest pourquoi, il serait erroné de ne pas évoquer ici les rapports antagoniques, conflictuels, les limites, les labeurs et les efforts supplémentaires exigés pour se libérer de ce passé tourmenté, pour ne pas ajouter au dilemme dautres parcours sinueux, dautres labyrinthes où les méandres de la langue, comme de lHistoire offrent peu de salut. Mais cest à ce prix que se revendique lacte d’écrire qui est un combat permanent avec les matériaux de la langue, contre eux aussi parce quils ne correspondent pas toujours à ce que lon veut exprimer, parce quils se réfèrent à dautres réalités, parce quils portent dautres charges symboliques, et pourquoi pas dautres usages. Cest ce qui constitue la langue étrangère, la langue de lAutre. Mais de toute façon, comme le faisait remarquer Roland Barthes, toute langue est une langue étrangère. Jajouterais que cela est encore plus vrai dans la langue poétique. Nous voilà au plus profond de la problématique!

Le problème posé donc est comment faire mienne une langue qui ne lest pas, surtout si lon se rappelle la fameuse parole de Mallarmé répondant à Degas: «Ce nest pas avec des idées quon fait des sonnets, Degas, cest avec des mots»1. Or ces mots ne sont pas miens. Ils appartiennent à dautres. Et cest pourquoi écrire en français reste une grande aventure dont nous ne mesurons jamais à lavance laboutissement. Cest une conquête, certes, pacifique et belle, mais cela est loin d’être sans passion. Toute écriture est conquête de la langue. Conquête jamais sûre delle-même comme toute langue qui se respecte, ramassant sur son chemin bien des butins, sillonnant la vaste terre inaccessible de la page blanche, labourant les champs de laventure littéraire, de limmense héritage de lesprit humain (je pense soudainement à Borges qui disait: je ne sais rien, mon époque ne sait rien), découvrant les mots blessés sur le champ de bataille mais aussi les joies des trouvailles heureuses, récoltant les bonheurs des moissons après les labeurs ardus, sans oublier les fruits du hasard et les offrandes imprévues comme les inutiles chiendents et les mauvaises herbes.

La conquête du corps de la langue est un corps-à-corps avec la feuille blanche, qui ne peut se passer damour, de désir, de plaisir, de jouissance poussée jusqu’à la violence, la douleur, l’épuisement, labsence, la perte de soi, la présence dans lAutre. Et cest pourquoi, écrire en français reste tributaire de ces rapports qui ne le sont pas moins avec toute langue d’écriture. Que dire donc quand il sagit dune langue qui a porté la lourde charge du discours oppressif, humiliant et blessant à travers lHistoire. Combien de fois avais-je senti le besoin dutiliser un mot français dorigine arabe dans le corps du poème comme: alezan, felouque, oued, hadra, zelije, etc. comme si ce besoin était nécessaire pour échapper à une victoire de la langue sur moi, pour montrer que le texte en français voulait signifier ainsi quil est écrit un français différent, en français autre. Comme sil fallait se distinguer du français de lHexagone, faire traverser le texte par dautres références linguistiques, dautres imaginaires. Il fallait interférer cela. Il ne sagit nullement ici dexotisme inversé mais de greffe faite sur le texte, dintertextualité, dinterculturalité à lintérieur même du poème, de son corps textuel, enfin de dialogue plus exigeant avec le lecteur. Bien entendu, cela nest pas pour faciliter la tâche de la traduction où certains mots échappent au contexte de la langue dans laquelle on traduit.

Ce problème avait déjà été posé il y a longtemps par le poète Léopold Sédar Senghor qui a publié ses premières éditions sans lexique ni glossaire. Cette question reste toujours dactualité et les avis des auteurs sont partagés encore, malgré les exigences des éditeurs. Car il sagit là dun positionnement volontaire de lauteur francophone par rapport au français, dune attitude délibérée afin de labourer autrement le champ de la langue mais aussi une revendication identitaire bien forte. Ce qui exige du traducteur une connaissance approfondie, non seulement de la langue mais également de la culture dorigine du poète, de l’écrivain francophone en général. La connaissance du contexte dans lequel sest développée cette langue au niveau collectif et individuel semble de plus en plus nécessaire. Cest ainsi que lon peut apprendre que certains écrivains du Maghreb, par exemple, nés au Maghreb ou vivant en France utilisent le français comme une langue maternelle, tout simplement parce que la mère est française. Je veux dire par là que dans un même pays francophone, le rapport à la langue française est différent dun écrivain à lautre et les parcours et itinéraires ne sont jamais les mêmes. Aussi, faut-il se garder de généraliser et porter des jugements hâtifs et peu rigoureux qui, hélas! empoisonnent les débats sur la langue au Maghreb et empêchent toute approche sereine et lucide. En écrivant en français, je tente dintroduire un autre rythme au poème, une forme empruntée à la métrique arabe. Cest le cas notamment du Chant du roi errant2, où il est question du poète arabe pré-islamique, Imruul Qays. Je senais en écrivantce long poème comme un grand be- soin de donner une forme qui rappelle la mou allaqua, ce poème arabe ancien. Mais cest aussi ce besoin d’évoquer cette problématique développée par lhistoire universelle: les Arabes nont pas eu d’épopée. Vaste polémique littéraire alors que la poésie arabe est pratiquement achevée dans sa structure, sa métrique et ses lois, dès le sixième siècle.

Lusage du français me permet cette comparaison entre des univers littéraires différents, une exploration de la mémoire littéraire universelle, refuser un certain euro-centrisme de la culture, rappeler certains autres apports culturels, autres que gréco-latins à la culture occidentale, rafraîchir certains souvenirs à une mémoire trop sélective et souvent oublieuse. Interroger lHistoire pour mieux la comprendre, mieux saisir le présent pour avoir une meilleure emprise sur lui, tenter de dissiper les malentendus, lutter contre le mépris réciproque et lintolérance ambiante. Cest ainsi que jai écrit ce recueil Les Chapelets dattache3, consacré au poète et théologien du llème siècle Ibn Hazm, auteur du cébre Collier de la colombe qui se déroule en Espagne, lieu de la mémoire euro-ara be partagée, passée et future. Il restait pour moi daller à la quête dune forme adéquate à lunivers métaphorique et allégorique. Comment trouver le rythme à cela? Les éléments poétiques en mesure de rendre cela? Mais là il ny a ni recette ni aide facile. Tout reste à faire, tout reste à inventer.

Parmi les surprises qui me sont arrivées après la lecture de ce texte: des auditeurs venaient me demander sil sagissait là dune traduction de la poésie du poète en question, Ibn Hazm. Voilà qui ne me laissait pas indifférent.

Mais bien que lancrage dans la culture arabe soit fortement recherché, ce lyrisme métaphorique souhaité, lapprentissage dans la langue de lAutre nest pas moins important, telle cette économie du verbe, ce silence, cette écriture elliptique. Pourtant, je me suis surpris, en écrivant Les Songes impatients4, à reprendre cette répétition volontaire qui caractérise une certaine rhétorique arabe, effet de style recherché comme une résistance obsessionnelle contre loubli menaçant. Cest dire que l’écriture nous dicte souvent ses mouvements et il serait imprudent de crier vite à la victoire.

Consciemment ou inconsciemment, les deux écritures, en ce qui me concerne, communiquent entre elles tel ces vases communicants dont parle A. Breton. Cela me paraît évident dans les deux recueils écrits en arabe: Poèmes à Selma5 et Journal de neige et de feu6. En langue arabe, je ressens constamment ce besoin dintroduire dautres espaces géographiques et linguistiques, étrangers à la langue arabe, chercher dautres métaphores, dautres rythmes dans la versification arabe, quitter la rhétorique redondante, la fioriture stylistique extatique, livresse dun verbe en transe (qui na pas moins sa beauté) empêchant l’éveil des mots, le rationnel. Récemment, un critique me faisait part de leffort intellectuel que ma poésie en arabe demandait. Dans certains poèmes, la quête de lessentialité est devenue telle que certains lecteurs arabes sont surpris de cette écriture qui rompt avec bien des traditions stylistiques ou musicales, qui introduit une parenté avec la poésie occidentale, qui mêle prose et poésie, qui cherche les formes brèves, elliptiques.

A y réfléchir de près et avec la distance nécessaire, je me rends compte que je tente de dire au lecteur arabe ce que mapporte lAutre, européen ou occidental en général. Je cherche à faire voyager ce lecteur dans dautres lieux, dautres sensations, dautres paysages, dautres émotions, dautres pays, sous dautres cieux que les siens. Aller à la rencontre dautres mémoires, dautres cultures, dautres êtres mempêche de me complaire dans cette attitude de l’éternel regardé pour devenir enfin regardant. La langue arabe me permet d’être ce passeur entre les deux cultures: arabe, française, orientale, occidentale, etc. Mais ce dialogue appelle constamment une double vigilance, une double exigence, vis-à-vis des siens, vis-à-vis de l'Autre.

La chance du bilinguisme est celle-là qui permet de quitter la fermeture identitaire, «lidentité meurtrière» comme la désigne récemment Amin Maâlcuf. Le bilinguisme comme passeur dune rive à lautre, je le considère pour ma part comme une grande chance et un enrichissement non négligeable de l’écriture soucieuse des cultures humaines et du respect de la vie humaine, dans la tolérance et la dignité. Cela permet aussi dinterroger la modernité arabe, mais occidentale aussi.

Et cest au plus profond de moi-même que je ressens ce besoin d’écrire dans les deux langues, non sans être persuadé que cela demande un double effort, un double labeur. En cela, le partage de lerrance est salutaire pour la poésie, et laventure vaut le voyage. Je suis ainsi. Ontologiquement, je ne comprends pas moi-même les raisons profondes qui me poussent à cela. Je ne trouve pas toujours les réponses faciles à cela. En poésie comme en littérature en général, l’écriture est une quête permanente, née de labsence de réponse justement, de linterrogation, de lambiguïté, de linquiétude. Récemment, jentendais Nathalie Sarraute dans une émission télévisée dire qu’écrire est impossible. Nous sommes, dans le domaine de la création, très en dessous de ce que la vie nous offre comme vécu. Notre travail d’écrivain nest que tangent, approximatif, nous dérobons au vécu certains mots, nous tentons de leur donner une âme, un coeur, un esprit, des nerfs, des muscles, mais nous ne possédons le secret du langage, le mystère de lart qui donne vie à loeuvre, encore moins son succès. Je sais, par contre, quune oeuvre nest pas un texte sans âme et que toute analyse devrait se garder de lui réserver lanalyse anatomique dun corps mort. Il y va de la traduction et de ses ambitions.

 

 

Femme verte

(da Le Laboureur du soleil, ed. Paris, lHarmattan)

Lardeur des oeillets

me crucifie sur le quai des années à venir

et quand se lèvent des lauriers

aux seins maritimes

sur tes mains de pollen

je te regarde

neige qui portes les étoiles dans tes bras

geste des jeunes mariées filantes aux regards

séculaires

toi

mouette qui dessines sur ton front

lhistoire des oliviers aux corps de bronze

toi mon Sahara des pauvres

mon ésperance qui grondes mon fleuve qui écris

chaque soir la genèse de la terre

toi

soleil qui rêves de rayons qui brillent pour tous

les arbres qui se dressent

femme verte

au lever de la saison des blessures

Oh! Ma parole indicible...

Donna verde

Lardore dei garofani

mi crocifigge sul binario degli anni a venire

e quando si levano gli allori

dai seni marittimi

sulle tue mani di polline

ti guardo

neve che porti le stelle fra le braccia

gesto delle giovani spose che filano con sguardi

secolari

tu

gabbiano che ti disegni in fronte

la storia degli olivi dai bronzei corpi

tu mio Sahara dei poveri

mia speranza che tuoni

mio fiume che scrivi

ogni sera la genesi terrestre

tu

sole che sogni raggi che brillano per tutti

gli alberi che si innalzano

donna verde

allalba della stagione delle ferite

Oh! Mia indicibile parola...

(trad. di Michela Landi)


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